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Dans les pas de Saint-Louis

jeudi 11 janvier 2007, par gerald cusin


« Europe inanimée avez-vous donc une âme ? » Cette quête quasi-désespérée poursuivie par tous ceux qui voudraient bien que l’aigreur cynique de la loi du marché soit quelque peu adoucie par une cuiller de miel salvatrice et rédemptrice, va-t-elle enfin être menée à bien ? Le procès de Robert Schuman, père fondateur de l’Union Européenne, sera clos le 29 mai. Le procès ? Robert Schuman, à l’instar de Juppé, aurait-il été rattrapé, post mortem, par la justice républicaine ? Vous n’y êtes pas du tout : le procès dont il est question est le procès diocésain dans le but d’accéder à la béatification.

Bienheureux Robert !… la béatification, c’est le premier pas vers la sanctification. A défaut de pouvoir obtenir la reconnaissance des racines chrétiennes de l’Europe dans le préambule de la Constitution, la proclamer œuvre divine en usant du symbole fort de la canonisation d’un de ses fondateurs, serait du plus bel effet. On sait combien la sanctification de Louis IX a servi pendant des siècles la couronne de la monarchie absolue de droit divin et fait les choux gras de l’Eglise catholique apostolique et romaine.

Mais il y a un hic. Même pour une béatification , il faut avoir au moins accompli un miracle. Qu’est-ce que les œuvres de Robert valent sur ce plan ? C’est ce que le tribunal diocésain devra mettre en balance [1] . Qu’à cela ne tienne ! le Vatican a toujours quelque chose au magasin des accessoires. Inaugurant une maison « Robert Schuman » en Moselle, le 9 mai dernier, le cardinal Poupard – qui ne passe pas pour un écervelé – a estimé que : « la création de l’Europe était un miracle, qui pourrait être pris en compte dans la béatification éventuelle de l’homme politique français. » La bonne de Robert Schuman, qui certes n’est plus très jeune à l’heure actuelle a indiqué, quant à elle, qu’elle avait été le témoin oculaire d’un véritable autre miracle réalisé par Robert le béni : « Un matin au petit déjeuner, a-t-elle précisé d’une voix toute emprunte d’une sainte émotion, Monsieur Robert, il a fait tomber sa tartine sur le tapis d’Aubusson, … Et bien, elle a atterri avec le côté confiture DESSUS ! »… « Alléluia ! Alléluia ! », s’est écrié Mgr Poupard !, et il a promis que ce miracle serait très sérieusement étudié lors du procès en canonisation, en vue de la sanctification totale.

Prions donc, et espérons.

L’hostie, ça ne se bouffe pas !, ça se mange !

Et pas à tous les râteliers, s’il vous plaît !

Excusez-moi du terme, mais c’est le bordel dans les église romaines du monde entier. La chienlit consécutive à Vatican II, a produit des ondes de choc dont l’ampleur a bouleversé la liturgie et le déroulement des offices. Déjà, avec l’ami Brassens, nous convenions volontiers que sans le latin, la messe nous emmerdait, mais là les bornes, au-delà desquelles il n’y a plus de limites, sont dépassées. « La Sainte-Messe est devenue folle ! » se plaint la très officielle Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Et on la comprend. Dans un document d’une vingtaine de pages, intitulé Instructions sur certaines choses à observer concernant la très sainte Eucharistie, cette respectable institution qui siège au Vatican, en liaison étroite avec la Congrégation pour la doctrine de la foi (ex-Inquisition), s’élève contre « les abus même très graves contre la nature de la liturgie et des sacrements » … « Dans certains lieux » ajoute-t-elle, « le fait de commettre des abus dans le domaine liturgique est même devenu un usage habituel. » Diantre !, on s’inquiète : de quoi s’agit-il ? Je vous le livre en vrac. Il semblerait que chacun fasse ce qu’il veut, quand il veut, où il veut concernant les rites et les cérémonie sacrées : célébrations de la messe avec des confessions non catholiques ; communion accordée à des non catholiques, voir des sans religion ; messe dite par des personnes non ordonnées, y compris (on en tremble)… des femmes ! ; messe dite dans des endroits pas catholiques, voire au cours de dîners spectacles, suppression de formules rituelles indispensables, ou ajout de textes profanes ; messe récitée dans le désordre ; utilisation de pain non réglementaire pour l’hostie, voire de la farine pas fraîche, voire en y intégrant d’autres ingrédients (je peux vous dire d’ores et déjà que l’hostie aux herbes de Provence ou goût salami, c’est fini) ; et prise dans des conditions, je ne vous raconte pas : dans la main, trempée dans le calice, par poignées, par morceaux, en la faisant passer à son voisin … A ce sujet, la Congrégation rappelle que « tout fidèle a toujours le droit de recevoir la sainte communion (…) dans la bouche » (de préférence à tout autre orifice, évidemment), mais il faut vérifier « qu’il ne la garde pas par de vers lui à des fins sacrilèges. » : On ne peut plus faire confiance à personne de nos jours.

Comme je le disais plus haut : c’est le bordel ! Et je ne vous parle pas des « graviosa delicta [2] », du genre, j’ai utilisé trop de vin pour le transmuter en sang du Christ, et je ne trouve rien de mieux que de balancer le petit Jésus dans l’évier (pardon, la piscine) de la sacristie, avec les eaux usées ! Bravo ! Donc, place à l’ordre, il est temps. On commence donc par rappeler que seul l’évêque a la charge « d’édifier son troupeau dans la vérité et la sainteté. » Les laïcs (ï-c, ceux-là) doivent rester à leur place : « Toutes les expérimentations liturgiques doivent cesser. »

N’empêche. C’est la troisième fois que le Vatican rappelle les prêtres et les fidèles à l’ordre : en 1970, en 1988 et en 2004. C’est dire s’il est écouté par le troupeau ! On aurait pu s’attendre qu’en ce domaine, au moins, il serait plus obéi qu’en matière de morale sexuelle : Mais je t’en fiche !… Je me demande si les dirigeants de l’U.E. ont misé sur le bon cheval. Ont-ils raison d’accorder leur confiance à ce machin moli-mola, qui ne sera pas plus capable de canaliser les foules montant à l’assaut du libéralisme européen, qu’elle n’est capable de se faire obéir par un curé de campagne ?

A méditer.

Notes

[1] Je sais, je sais … mais si je ne vous la sers pas, vous allez être déçu

[2] Ce sont les fautes les plus graves qui doivent être instruites et éventuellement absoutes uniquement pas l’Inquisition.


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