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ISLAM : A LA RECHERCHE DU MODE D’EMPLOI

samedi 13 janvier 2007, par gerald cusin


Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur et (ministre) chargé des cultes est à la recherche d’un islam de France, moderne et tolérant. Chacun sait que pour les religions en général, le modernisme et la tolérance sont à géométrie variable et fonction de la place qu’elles occupent sur le terrain national. Ainsi, les protestants – longtemps présentés comme d’ardents républicains, défenseurs de la loi de 1905 et de la séparation des Eglises et de l’Etat –, viennent de s’apercevoir qu’il y avait sans doute un créneau à prendre dans le concert actuel qui vise à rendre la laïcité républicaine obsolète. Témoin, une récente déclaration parue dans le Monde. Quant au pape et à ses agents internationaux résidents en France, ils souhaitent plus qu’ardemment que l’Europe et ses institutions reconnaissent non seulement le rôle de Dieu d’une manière explicite dans la Convention européenne qui est en préparation, mais encore ils réclament que l’Eglise catholique soit reconnue officiellement sur le plan institutionnel. Il faut dire que ce qui énerve par-dessus tout l’occupant du Vatican, c’est que les gens agissent et vivent « comme si Dieu n’existait pas », alors que – c’est bien connu –, la preuve de l’existence de Dieu commence lorsque votre tartine de confiture tombe sur le sol du bon côté (celui qui n’a pas de confiture) : tous les théologiens un tant soit peu sérieux vous le diront.

Le problème avec les musulmans, c’est qu’ils n’ont pas de hiérarchie locale ou internationale. On ne peut donc pas facilement les intégrer dans l’orchestre.

Qu’à cela ne tienne. Créons ex-nihilo. Attention, Sarko n’a rien inventé. Déjà Pierre Joxe, dans les années 80, puis Pasqua, puis Chevènement avaient travaillé sur le chantier.

Le garant en titre de l’application de la loi de 1905 dans ce pays, loi qui – rappelons-le quand même – précise que la République « ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte » a défini ce que ne « devait pas être un culte » : « Un culte de doit pas être le prétexte, le vecteur ou le paravent du terrorisme (…) De la même façon, le fondamentalisme qui conduit au terrorisme doit être combattu avec la dernière énergie » On se demande quelles sont les qualités théologiques de M. Sarkozy pour pouvoir « combattre le fondamentalisme ». C’est sans doute ce qu’on appelle la foi du charbonnier. Allant plus loin dans sa réflexion, le chef actuel des pandores ajoute : « l’Islam de France ne peut être dirigé par des puissances étrangères » … Ouh là ! là ! : Si on traite dans ce sens toutes les religions, va-t-on vers une nouvelle rupture diplomatique avec le Vatican ? A coup sûr le ministre - marchant sur les traces du petit père Combe - recevrait cette année le grand prix républicain de la Libre Pensée, s’il nous venait l’idée d’en créer un.

En fait, les religions sont utiles pour contrôler le peuple, si on arrive à contrôler les religions. Si non, cela ne sert à rien.

Comme Napoléon en son temps avait créé le grand sanhédrin pour contrôler les citoyens d’origine juive, Sarkozy veut constituer le Conseil français du culte musulman. A sa tête, déjà plus ou moins autoproclamé, devrait se retrouver Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris, qui est comme on dit pudiquement dans les milieux autorisés « proche du régime algérien », c’est vous dire si c’est un démocrate. Comme on le sait, les gouvernants de ce pays sont des spécialistes des élections, ce qui fait que les associations musulmanes crient déjà au charron. Le bureau de la future instance aurait déjà été constitué avant qu’un vote ait eu lieu. Comment ?, ce n’est pas comme ça qu’on doit faire ?, mais on fait cela tout le temps et ça marche très bien.

Le rôle de la Mosquée de Paris, largement financée par Alger (qui n’est pas une « puissance étrangère », comme bien on sait) est contesté, notamment par l’Union des organisations islamistes de France - proche paraît-il - de la pensée fondamentaliste.

Le ministre aurait promis à M. Boubakeur de donner tout le pouvoir aux personnalités et de réduire celui des délégués des lieux de culte.

Boubakeur se voit peut-être déjà pape français de l’Islam.

Mais, on se bouscule au portillon. Nicolas Sarkozi est sur tous les fronts. Il a reçu dernièrement M. Abdullah Turki, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale qui finance pas de mal de lieux de culte et s’est fixée comme but de faire connaître la charia (vous savez, ce truc rigolo qui permet de lapider les femmes, de couper les mains, etc.). Développant toujours les principes de la loi de séparation, le ministre a déclaré à la suite de cette audience : « Les soutiens financiers apportés par la Ligue islamique mondiale pour aider à la pratique du culte musulman sont possibles s’ils ne conduisent pas la Ligue islamique mondiale à prendre la direction des organismes ainsi subventionnés »

Nouveau prophète, Mahomet N. Sarkozi a séparé le bon grain de l’ivraie : « La différence entre l’extrémisme islamiste et l’orthodoxie se situe dans le respect des lois de la République ». Que les différentes obédiences musulmanes qui disputent âprement depuis la mort du prophète veuillent bien circuler, il n’y a plus rien à voir. Quant à Mahomet Ben Sarkozi, qui remet en cause les lois de la République en se mêlant de choses qui ne le regardent pas : Il sera brûlé comme hérétique extrémiste. Na !


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