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DE LA LIGUE DES CATHOLIQUES SANS DIEU A L’ETAT « VOYOU » DU VATICAN

lundi 5 mars 2007, par gerald cusin


Décidément, ce début d’année 2007 est fertile en nouvelles extraordinaires et nous en promet de belles et de juteuses si ça continue sur le même rythme tout le long de l’année.

Nous savions déjà que le nombre des Français qui se réclamaient du catholicisme avait bien fondu : de 80% jusque dans les années 1970 ; ils n’étaient plus que 51% à se réclamer de l’Eglise de Rome aujourd’hui. Un chiffre qui ne cesse de décroître en fait. Mais nous venons d’apprendre [1] que 31% de ces 51% de catholiques français ne savent pas si Dieu existe, que 10% pensent que c’est peu probable, et que 7% pensent qu’il n’existe pas. Parmi ceux qui y croient, seulement 17% le considèrent comme un dieu personnel, seul dieu certifié par les prêtres jusque là.

Entrant dans les détails du catéchisme, on nous apprend que 36% ne croient pas aux miracles, 42% ne croient pas à la résurrection du Christ, 61% ne croient pas à la virginité de Marie, 63% ne croient pas en la Sainte Trinité, et 67% ne croient pas au diable.

31% ont une mauvaise, voire très mauvaise, opinion de l’Eglise catholique et 18% ont une opinion mauvaise, voire très mauvaise du pape. Enfin, 21% pensent qu’il n’y a rien après la mort.

Parmi les catholiques croyants, 39% pensent que toutes les religions se valent et 50% pensent qu’il y a de la vérité partout.

Si on croise ces chiffres, il doit donc quand même y avoir – c’est mathématique –, parmi les 51% de catholiques qui nous restent et pour lesquels nous allons bientôt demander des fonds spéciaux à l’UNESCO pour la protection des chefs d’œuvres en péril ou alors au WWF, quelques dizaines de milliers de catholiques qui ne croient ni à Dieu ni à diable, qui ne croient ni en la virginité, ni en la Trinité. (C’est sûr, si dieu n’existe pas, il ne peut pas être trois, ou alors ce serait un miracle, mais justement ils n’y croient pas non plus), qui ne pensent pas qu’il y ait quelque chose après la mort, et qui par dessus tout détestent l’Eglise catholique et ont une très mauvaise opinion du pape. En fait, des dizaines de milliers de catholiques sont des libres penseurs qui ne payent pas leur cotisation. C’est le plus grand reproche que je saurais leur faire.

Rassurons-nous d’emblée, Le Monde, le vrai, a trouvé la réponse, en tous les cas en ouvrant ses colonnes à Monsieur Jean-Marie Donegani, directeur d’études à l’Institut d’études politiques de Paris : « C’est le grand triomphe du libéralisme : la religion n’englobe plus tous les aspects de la vie des personnes et de la société, elle devient une affaire privée. » Ne cherchez pas dans cet article la moindre petite référence, même allusive, à la loi de séparation de 1905. Non tout ça, c’est le résultat du libéralisme. D’ailleurs, le titre de l’article le dit bien : « L’Eglise sera vaincue par le libéralisme. » [2]

Entre nous, je ne vois pas pourquoi on s’échine à combattre le libéralisme, puisque c’est lui qui est notre principal allié. Décidément, libres penseurs, mes amis, nous sommes bien les ringards qu’on se plaît à peindre dans certains milieux. Quant à voir dans les politiques « libérales », les principaux souteneurs et promoteurs des religions, il faut vraiment avoir la vue basse pour cela. Il ne viendrait jamais à l’idée de ceux qui briguent nos suffrages dans ces prochains mois de rappeler à tout propos le rôle de la foi, des religions, des croyances, etc… Remarquez, inutile de s’étonner après qu’ils ne génèrent que des abstentionnistes. Et regardez comme ils ont tous pleuré des larmes de crocodile sur la mort d’Henri Grouès dit l’abbé Pierre : quel chœur touchant , vraiment. Pendant ce temps là, les sans-logis peuvent toujours attendre. Bref, ne changeons pas de sujet.

Quant au jésuite Henri Madelin, en bon jésuite, il a une autre version [3] . Pour lui, « La France, [sur le plan de l’appartenance culturelle] est encore majoritairement catholique (…) [même si, sur le plan] d’une adhésion à la foi (…), les chiffres sont inquiétants ». Et d’ajouter : « Si nous continuons sur ce chemin, la foi catholique pratiquée va devenir une contre-culture ».

Finalement, ça va devenir le must du branché, complètement « in », d’être un-catholique-pratiquant-qui-croit-en-dieu-et-en-tout-le-bazar-et-quivatalamesse.

On attend les prochains articles dans Cosmo ou Elle.

Le Vatican, un Etat de racailles ?

C’est en tous les cas ce que révèle Spiegel online du 19 Janvier 2007. Le « promotor justiciae » [4] du Vatican, Nicola Picardi, a appris cette nouvelle lors de l’ouverture de l’année juridique à Rome.

Imaginez-vous que rien que l’an dernier, la justice de l’Etat du Vatican a eu à régler 341 délits civils et 486 délits pénaux, ce qui, par rapport aux 492 habitants de la cîté papale représente un délit et demi par habitant, autrement dit vingt fois plus que chez son voisin l’Italie. A côté de ça, le neuf trois est un petit Eden ou on peut se promener seul, à n’importe quelle heure de la nuit, en agitant des billets de banque. Je me demande si on ne ferait pas bien de leur envoyer notre grand spécialiste de l’insécurité. Remarquez, il ne pourrait pas y faire grand chose, l’Etat du Vatican est également celui qui possède la plus grande densité de représentants des forces de l’ordre au mètre carré : un garde suisse pour 4 habitants (sans compter les gardiens de musée et les policiers délégués par l’Italie.)

Bon, j’arrête. On n’a encore arrêté ni monsignori kleptomanes, ni bonnes sœurs à la redresse. Non, les truands se mêlent aux 18 millions de touristes qui visitent chaque année la Place St-Pierre, la cathédrale et le musée du Vatican. Cependant, le Vatican est également l’Etat le moins capable de faire face à ces agressions : 90% des crimes et délits demeurent impunis. En effet, les coupables peuvent en quelques pas se réfugier … en Italie. Le pauvre Picardi a encore une fois réclamé que le Vatican entre enfin dans l’espace Schengen, pour renforcer la coopération entre la justice et la police au-delà des frontières. Mais, comme d’habitude, personne ne l’a écouté. Benoît XVI a eu une bien meilleure idée. Dans son allocution aux forces de sécurité du Vatican, il a déclaré : « Implorons la protection maternelle de la Vierge », la patronne tutélaire de son prédécesseur. Il n’a pas tort : lors des cérémonies d’avril 2005, à l’occasion de l’enterrement du pape auquel 6 millions de pèlerins avaient participé, on n’avait eu à déplorer aucun vol. On devrait suggérer à nos candidats pro-sécuritaires d’inclure cette proposition dans leur programme. Elle vaut bien celles de Nicolas Hulot.

Gérald Cusin

Notes

[1] Le Monde des religions, janvier-février 2007

[2] Le Monde 20-01-2007

[3] Le Figaro du 10 janvier 07

[4] Qu’est-ce que c’est ?, j’en sais rien, je vais chercher, je vous le dirai la prochaine fois.

2 Messages de forum


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