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BENOIT-FAURISSON A ENCORE FRAPPÉ

juin 2007

mardi 15 janvier 2008, par gerald cusin

Je suis désolé de le dire et de chagriner ainsi quelques âmes pieuses parmi les lecteurs de la Raison, mais le pape Benoît XVI, parce qu’il est un gros menteur, risque d’aller en enfer [1]

La grande presse n’hésite pas à prêter ses colonnes aux pourfendeurs du révisionnisme historique. Certes, loin de moi l’idée de soutenir le sieur Faurisson dans sa négation des chambres à gaz. Les faits sont têtus et sa misérable réécriture de la barbarie hitlérienne ne devrait susciter que le mépris. C’est autre chose lorsque les pouvoirs en place se mêlent de légiférer sur ce que doit être la vérité historique avec un grand V et un grand H. L’obligation de bien penser n’est pas loin.

Ainsi le linguiste américain Noam Chomski a été traîné dans la boue parce que Faurisson avait utilisé un de ces textes prônant la liberté d’expression. Mais il y a fort à parier qu’aucun journaliste de la bonne presse, aucun historien gardien de l’ordre, aucun gouvernant du prêt à penser, ne s’élèvera contre les allégations de Ratzinger lors de son voyage au Brésil en mai dernier.

Benoît a revu et corrigé l’histoire de l’évangélisation en Amérique du Sud. Selon lui, « le catholicisme n’a pas été imposé aux populations indigènes ». Le président vénézuélien Hugo Chavez a, quant à lui, réagi en demandant au pape de présenter des ex-cuses aux indiens d’Amérique : « Comment peut-il dire qu’ils sont venus, alors qu’ils étaient armés d’arquebuse, évangéliser sans aucune forme d’imposition ? » a-t-il demandé lors d’une allocution télévisée en mai dernier (…) Sa Sainteté ne peut nier l’holocauste aborigène sur cette terre. » [2]

Le catholicisme en Amérique du Sud – et notamment au Brésil – semble faire de moins en moins recette. Témoin le bide que le Pape a pris lors de la bénédiction du plus grand sanctuaire marial du monde (dixit la presse hallucinée) à Aparecida (au Sud-Est du Brésil) : on attendait un demi million de fidèles, c’est tout juste si on a réussi à en rassembler 150 000 [3] de l’aveu même du Vatican. Le Pape a vitupéré contre « le prosélytisme agressif des sectes ». Comprenez les Eglises évangéliques qui ont proliféré la-bas depuis le deal passé entre R Reagan et son prédécesseur polonais, afin d’en finir avec la théologie de la libération.

Le cas des réductions au Paraguay

Toujours est-il qu’en matière de prosélytisme agressif le saint-siège en connaît un rayon, et notamment en Amérique du Sud. Quelques exemples ? Facile.

La christianisation de ce continent fait partie intégrante de la conquête, tant pas les Espagnols que par les Portugais. Ils ne pouvaient concevoir l’installation d’une administration sans y inclure les institutions cléricales. Des hordes de soutanes séculières et régulières (surtout de la dernière espèce) ont pullulé tant en Amérique Centrale qu’en Amérique du Sud (franciscains dès 1502, dominicains dès 1510, mercédaires [4] en 1519, augustins en 1533, et bien sûr les jésuites en 1568). La politique définie au concile de 1583 fut de quadriller tout le pays à raison d’un prêtre pour mille habitants avec des regroupements des villages qui possédaient moins d’habitants. On organisa des fêtes et des cérémonies très riches et très exubérantes pour dépasser le niveau des fêtes religieuses autochtones. Tout retour aux pratiques religieuses antérieures fut interdit. On a parlé de table rase : les missionnaires espagnols ont à la fois ignoré et éradiqué toute manifestation religieuse antérieure à leur arrivée. Les villes qui furent construites étaient de parfaites répliques des villes espagnoles. Le développement du catholicisme est en fait plus la conséquence du peuplement de colonisation que de la conversion des indiens en tant que telle. On doit cependant parler de l’œuvre des jésuites, notamment racontée par le film « Mission ». Les jésuites développèrent au XVIIème siècle des communautés indiennes, des « réductions », notamment au Paraguay qui étaient des espèces de petits empires privés, dans des villages fortifiés dans la forêt. Ils fournirent les indiens en armes. Les indiens apprirent à lire, à écrire, à faire de la musique. Lors d’une correction de frontière, le Brésil récupéra une partie de ces contrées. Or les Portugais pratiquaient l’esclavage et aspiraient à s’emparer de cette main d’œuvre. Le pape intervint, excommunia les jésuites, et les Portugais attaquèrent les réductions. Les indiens résistèrent longtemps et ne capitulèrent qu’en 1767 sous les coups conjugués des Portugais et des Espagnols réconciliés pour l’occasion. En 1773, Clément XIV interdira l’ordre des jésuites, fera arrêter et enfermer au château Saint-Ange le général des jésuites jusqu’à ce que mort s’en suive.

Les persécutions contre les indiens Pueblo au Nouveau-Mexique

Un autre exemple de non imposition ? les indiens Pueblo au Mexique Les Espagnols pénètrent en 1558 dans ce qui est aujourd’hui l’Etat du Nouveau Mexique accompa-gnés de leurs prêtres et moines habituels. Les indiens Pueblo avaient une grande culture, et notamment une religion polythéiste puissante (le Père-Ciel, la Terre-Mère, la femme-araignée … tout un panthéon comparable au panthéon grec). Les cérémo-nies sont pratiquées dans de petites églises familiales (les Kivas). Ce sont avant tout des agriculteurs pacifiques qui vivent dans des maison de briques à deux ou trois étages. Dès l’arrivée des infâmes, les cérémonies sont interdites. Tout indien surpris à célébrer la religion traditionnelle se voit amputé d’un bras ou d’un pied.. Plusieurs révoltes sanglantes jalonnent l’histoire de la christianisation « non imposée » des indiens Pueblo. Les persécutions ne cesseront réellement qu’au moment de l’annexion de ce territoire par les USA en 1847.

Voilà donc une partie de « l’histoire de la conversion volontaire » des indiens d’Amérique Centrale et du Sud. On comprend mieux la sainte colère du président Chavez. Quant à Benoît-Faurisson XVI, il peut continuer tranquillement à mentir, il ne risque pas de rencontrer le moindre contradicteur dans la presse et l’intelligentsia bien pensante. Coluche disait, « si j’étais président je m’arrangerai pour gagner au tiercé tous les dimanches ». Pape, c’est pas mal non plus, finalement.

Notes

[1] s’il en existe un évidemment, sinon il est parfaitement tranquille. Après tout, il est mieux placé que moi pour le savoir.

[2] Le Monde, entrefilet du 20/21 mai 2007, p.5

[3] y compris la presse mondiale qui couvrait l’événement

[4] Membres de l’ordre de la Merci ou de la Rédemption des captifs, fondé en 1218 en Catalogne par le Français Pierre Nolasque (1180-1249), … décidément il faut que je vous dise tout


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