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Le pape n’est pas gentil !

samedi 13 mars 2010, par gerald cusin

Le concept bien connu « dites-n’importe-quoi-du-moment-que-c’est-devant-les-medias-complaisants-l’important-c’est-qu’on parle-de-vous » est largement pratiqué par la plus grande partie de ceux qui estiment devoir apporter la bonne parole à tous ceux qui ont l’honneur de partager la même planète qu’eux. Il en est ainsi – entre autre – de Jean-Marie le Pen ou de Benoit XVI.

Le second a récemment fait des déclarations sur l’usage du préservatif qui ont révolté les medias et le Landernau des naïfs. Parmi eux, le prix Goncourt Gilles Leroy [1] qui a lancé une pétition pour que le pape retire ses propos. Le prétexte ? « Le pape est un guide spirituel dans de nombreux pays. A ce titre, son influence morale est immense et c’est bien en cela que ses paroles pourraient avoir des conséquences criminelles : sa responsabilité est au moins aussi grande que son influence. Curieux pasteur que celui qui conduirait ses brebis à une mort certaine. » Ce qu’il nous faudrait en fait, c’est une religion qui laisse l’homme libre de ses choix, un pape qui serait un humaniste éclairé. Autant dire, ce qu’il nous faudrait c’est pas de religion du tout, et en finir avec tout ce fatras obscurantiste et réactionnaire. Oui, mais ça on ne peut pas. Il faut sans arrêt faire des courbettes aux abrutis ensoutanés.

Du côté de la défense, il y a l’évêque d’Orléans, André Fort, celui qui fait très fort : Les propos du pape ont été coupés de leur contexte. Il a dit exactement qu’on ne pouvait « pas régler le problème du sida » en Afrique « avec la distribution de préservatifs » et que, « au contraire, (leur) utilisation aggrave le problème ». La preuve ? (Accrochez-vous au manche) : « Vous le savez très bien, tous les scientifiques le savent : la taille du virus du sida est infiniment plus fine que celle d’un spermatozoïde. La preuve est faite que le préservatif n’est pas une garantie à 100% contre le sida ». Et d’ajouter : « Il y a écrit sur les boîtes de cigarettes : ’danger’. On devrait mettre sur les boîtes de préservatifs : fiabilité incomplète ». [2]

L’argument de la non-fiabilité des capotes n’est pas nouveau. Il fait partie de l’arsenal – en provenance directe des milieux fondamentalistes des Etats-Unis – des pseudo-théories à ranger dans les mêmes poubelles que celles visant à rendre crédible le créationnisme. Ainsi, ces scientifiques de pointe prétendent que la taille du virus du sida, l’une des plus petites connues (90 à 120 nanomètres) serait suffisante pour lui permettre de s’infiltrer au travers de la membrane de latex. C’est évidemment une imbécilité : une molécule d’eau, qui ne fait que 20 à 60 nanomètres, donc moins que le VIH, ne passe pas la barrière du préservatif. Ensuite, un virus ne se déplace pas seul dans le vide mais a besoin d’un milieu dans lequel se propager, en l’occurrence le sperme ou le liquide vaginal, que le latex arrête également. Les 4% d’échecs du préservatif proviennent en grande partie de préservatifs de qualité médiocre. En plus, si on réduisait la pandémie à 3 ou 4% on aurait fait un pas immense. Quelques chiffres : en 2001 : 40 millions de porteurs, dont 5 millions de nouveaux porteurs, 3 millions de morts [3]. En 2006 : 22,5 millions d’êtres humains sont touchés en Afrique sub-saharienne ... une carte de l’évolution du sida dans ces régions est visible à cette adresse : ... c’est effrayant.

Je veux dire, c’est effrayant la connerie religieuse. Je sais très bien que je prêche des convaincus, mais ce qui va sans dire, va tout aussi bien – sinon mieux – en le disant.

Mais nos gentils naïfs s’offusquent que le pape dise des conneries. Un homme si bien par ailleurs, quand même !

L’organisation dirigée par le pape est-elle fiable à 100% ?

A commencer par l’existence de Dieu qui n’est pas non plus garantie à 100%. Elle est même – statistiquement parlant, fort peu probable. Nos amis anglais et canadiens ont d’ailleurs loué des emplacements publicitaires sur les autobus pour le rappeler. Cela n’empêche pas nos crétins notoires et révérés de formuler sur un ton péremptoire et sentencieux, pieusement et complaisamment écoutés par leur valetaille médiatique, les plus stupides énormités.

Au lieu de faire des Églises, les partenaires privilégiés de l’Union Européenne, cette dernière pourrait – une fois n’est pas coutume – user à bon escient du principe de précaution. Ce serait plus utile que son application pour faire disparaitre le camembert et le roquefort. Je n’irai pas jusqu’à demander leur disparition pure et simple pour raison de santé publique. Les transformer en martyrs n’arrangerait rien. Mais quelques mesures adaptées et ciblées pourraient en tous les cas mettre sainement en garde les populations.

On devrait par exemple obliger les chrétiens à graver en noir sur les hosties : « attention, présence du Christ douteuse » [4] (son existence historique n’est pas non plus garantie à 100%, ni même à 3 ou 4%, c’est donc moins sûr que le préservatif).

D’ailleurs, il faudrait que ce soit imprimé à l’envers comme un tampon, avec une encre qui ne sèche pas pour que les cathos aient imprimé cela au bout de la langue. Dès qu’ils ouvriraient la bouche, cela mettrait immédiatement en garde leurs contemporains.

Pourquoi suis-je toujours le seul à avoir de bonnes idées ?

Notes

[1] Alabama song – Mercure de France - 2007

[2] Depuis, il aurait fait savoir qu’il avait eu la langue avant les dents. Bref, qu’il aurait mieux fait de la « fermer avant de l’ouvrir » comme disait le regretté Pierre Dac.

[3] Source onusida

[4] J’avais également pensé à « je crois à l’hostie consacrée, je suis un sacré con ». Mais, ce n’était pas politiquement correct


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